[AVIS CINEMA] - #31 - DEAR WHITE PEOPLE de Justin Simien !


DEAR WHITE PEOPLE
► Comédie
► Sortie le 25 Mars 2015
► Durée : 01h48
► Avec : Tyler James Williams, Tessa Thompson, Kyle Gallner, Teyonah Parris, Brandon P. Bell, Dennis Haysbert
► Distributeur : Happiness Distribution

► La vie de quatre étudiants noirs dans l‘une des plus prestigieuses facultés américaines, où une soirée à la fois populaire et scandaleuse organisée par des étudiants blancs va créer la polémique. Dear White People est une comédie satirique sur comment être noir dans un monde de blancs. 

'' Enfin un film d'actualité, de notre époque, de notre génération, intemporel, engagé, puissant ! ''


NOTE DU BLOG ► 



Petite ambiance de pré-avis : un vinyle tourne. Le diamant se pose et les enceintes grésillent. "Say it loud. I'm black and I'm proud!"

Dear all people, 

Enfin un film d'actualité, de notre époque, de notre génération, intemporel, engagé, puissant !

Le cinéma afro-américain peine à émerger, bien qu'il soit présent depuis les années 50 plus ou moins bien représenté et accueilli. Les comédiens noirs ne jouent que des rôles de serviteurs ou dominés par les Blancs. La communauté noire crée par la suite son cinéma avec des films qui s'adressent directement à eux et qui s'affranchissent des limites et du racisme très palpable.Les années 60 et 70 annoncent le changement qu'ils désiraient tant : la lutte pour la fin de la ségrégation raciale. Selma d'Ava DuVernay sorti le 11 mars fait encore vibrer les cœurs et retourne les estomacs tellement les scènes nous transportent dans la noirceur de l'Homme. Les années 80 et 90 sont plus cool avec des comédies / films d'action à tandem Noir/Blanc tels que Le Flic de Bervely Hills (Eddie Murphy/Judge Reinhold), Men in Black (Will Smith/Tommy Lee Jones), etc.

Les films sur l'esclavage commencent aussi à émerger. Avec La Couleur Pourpre et Amistad (Steven Spielberg), puis Lincoln en 2012. Un premier film sur Solomon Northup Half Slave, Half Free réalisé par Gordon Parks (aussi réalisateur de Shaft, les nuits rouges de Harlem en 1972), l'Amérique cherche la rédemption, le pardon. Mais pas de point de vue de réalisateurs noirs ! Spike Lee assure le rayonnement de la culture noire et métissée, notamment avec Do the Right Thing dont Justin Simien s'est inspiré. La télé s'y met aussi avec Roots d'abord (1977), saga sur une famille africaine de son enlèvement en Afrique à son affranchissement à la fin de la Guerre de Sécession, Le Prince de Bel-Air, Arnold et Willy, The Cosby Show, La Vie de Famille (Steve Urkel !), Sister Sister, etc. 

12 Years a Slave de Steve McQueen est peut-être le film le plus marquant sur l'esclavage depuis très longtemps. Il est sacré Oscar du Meilleur Film en 2014, et rafle 7 Oscars dont celui de la meilleure actrice dans un second rôle pour la magnifique Lupita Nyong'o. Bref, la culture noire nous a toujours touché de près ou de loin. 

DEAR WHITE PEOPLE raconte la vie de quatre étudiants noirs à la Winchester University, université fictive historiquement noire, le racisme ambiant et les remises en cause du vivre ensemble entre Noirs et Blancs. 

Il y a Samatha White (magnifique Tessa Thompson), une métisse qui ne sait pas quel camp choisir. Elle anime l'émission radio satirique Dear White People qui fait grincer des dents. Lionel Higgins (Tyler James Williams), candide, naif et gay, doit écrire sur la culture noire dans le journal de l'école. Colandrea Conners ou Coco (Teyonah Parrish) veut être intégrée parmi les Blancs jusqu'au physique, cheveux lissés, lentilles bleues. Elle s'adapte à toutes les situations pour arriver à ses fins. Troy Fairbanks (Brandon Bell), élégant et BCBG. Il tente de se défaire de cette image et d'échapper au destin tout tracé par son père, le doyen de l'université.

Le réalisateur dépeint ses différents personnages sur fond de musique classique -clin d'oeil aux films de Stanley Kubrick- pour ensuite trancher avec du rap à la fameuse soirée à thème "Libérez le Négro qui est en vous" organisée par Kurt Fletcher (Kyle Gallner). Le raffinement mais aussi l'engagement à travers la musique sont de mise pour faire encore plus ressortir la frontière entre étudiants blancs et de couleurs. Et c'est brillant ! Justin Simien soigne ses plans, faisant les portraits des protagonistes en plan taille face caméra, comme s'il nous scrutait et qu'il était le spectateur. Un espèce d'accord tacite est signé : on va tout vous montrer, et vous allez bien écouter. 

L'émission radio de Sam, Dear White People fait directement référence au compte Twitter du même nom qui a fait le buzz sur la toile. Il a permis de faire financer le film. Justin Simien s'inspire de sa propre histoire, des "Deux pour cent" d'étudiants noirs de l'université de Chapman en Californie. Le racisme est le sujet principal du film, souligné par la soirée à thème qui, malheureusement, est une réalité dans beaucoup d'universités aux Etats-Unis. Une telle soirée a eu lieu quelques jours avant l'arrivée de l'équipe de tournage à l'université de Dartmouth.

Dear all people,

Courrez voir ce film ! C'est une belle lettre ouverte à tous les hommes et les femmes de cette planète, et on voudrait en voir des comme ça plus souvent. L'actualité du moment fait que ce genre de film est indispensable. Le débat est ouvert.

Je terminerai sur cette belle phrase de Justin Simien "On peut se mettre d'accord sur notre désaccord, et en rire"

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