[AVIS CINEMA] - #1 - LOIN DES HOMMES : Très beau, poignant et poétique !


LOIN DES HOMMES - Drame - Sortie le 14 Janvier 2015 - 01h41 -  Avec : Reda Kateb, Viggo Mortensen, Djemel Barek


** SYNOPSIS ** 1954. Alors que la rébellion gronde dans la vallée, deux hommes, que tout oppose, sont contraints de fuir à travers les crêtes de l’Atlas algérien. Au coeur d’un hiver glacial, Daru, instituteur reclus, doit escorter Mohamed, un paysan accusé du meurtre de son cousin. Poursuivis par des villageois réclamant la loi du sang et par des colons revanchards, les deux hommes se révoltent. Ensemble, ils vont lutter pour retrouver leur liberté.

Basé sur une nouvelle d’Albert Camus (L’Hôte, du recueil L’Exil et le Royaume, 1957), LOIN DES HOMMES est une vision captivante d’une aventure humaine sur fond historique de la guerre d’Algérie. Bien que le film prenne place en 1954, au tout début des événements et des bouleversements politiques, la guerre ne prend pas le dessus sur l’histoire et est utilisée comme fond. Elle permet uniquement de montrer comment elle a pu affecter la vie de personnes aussi « normales » qu’un instituteur pied noir et un berger algérien.


C’est une traversée, une épopée profondément humaniste qui raconte l’histoire du voyage de deux âmes solitaires. Le film pose beaucoup de questions, notamment sur la remise en cause de chaque personnage, ce qui fait de chacun un Homme, et le chemin à parcourir pour arriver à l’acceptation de soi.



David Oelhoffen (Nos Retrouvailles, 2007) réalise un film dont le scénario ne présente pas beaucoup de dialogues. Il privilégie les expressions de visages de ses acteurs aux monologues et discours interminables pour laisser passer un flux d’émotions variées et poignantes. Le rendu est très beau et très poétique. 

On retrouve le long du film un côté Western. Aussi bien dans cette loi du plus fort, où les armes sont reines et dictent le déroulement de la vie de chacun, mais également dans cette relation entre l’homme blanc et l’aborigène local. Les décors s’y prêtent aussi. On admire des paysages arides à perte de vue. On ne rentre cependant pas dans le cliché : on ne s’attend à aucun moment à voir arriver des tumbleweed. Au contraire, les paysages sont d’une telle beauté qu’ils deviennent presque un personnage à part entière.

On compte cependant quelques longueurs. Elles servent parfaitement le long métrage, mais si la fatigue s’empare de vous, vous ne résisterez pas, comme il est impossible de résister à une belle berceuse. 

Viggo Mortensen (Le Seigneur des Anneaux, Les Promesses de l’Ombre…) interprète Daru, un instituteur reclus. Sa solitude est mise en abîme par l’isolement de son école au fin fond de l’Atlas algérien. Son interprétation est incroyable. On le sait très grand acteur , mais il ne cesse de nous surprendre. Après le russe et l’elfique, il joue maintenant en français et en arabe. Son accent assez prononcé lorsqu’il parle français mais ne dérange pas et ne pose pas le moindre soucis quant au réalisme du film. Il construit un personnage rassurant et émotionnellement très fort. On pense particulièrement à une scène où il redécouvre ce qui fait de lui un homme. On a l’impression d’assister à une re-naissance, et c’est absolument magnifique. 

Reda Ketad (Un Prophète, Zero Dark Thirty) est tout aussi fantastique dans le personnage de Mohamed. Il est le miroir émotionnel de ce que peut nous offrir Viggo Mortensen. Il est très crédible dans son interprétation. Il traduit parfaitement cette guerre intérieure entre le devoir, l’honneur, et l’amour de soi et de la vie. Sa palette de sensibilité, notamment dans sa dernière scène à l’écran, est bouleversante. 

La bande originale du film est composée par Nick Cave et Warren Ellis (La Route, L’assassinat de Jesse James par le Lâche Robert Ford). La musique est belle, très mélodieuse. Cependant, le réalisateur fait le choix de ne pas l’employer tout le film durant. A une époque où nous sommes habitués à ce que le cinéma nous dicte chaque émotion à travers sa musique, c’est libérateur. Nous sommes soudain aptes à juger de nos émotions et nos ressentis par nous même. 

Le deuxième long métrage de David Oelhoffen est une petite merveille. Il arrive à porter une grande poésie à l’écran. Les acteurs sont fabuleux ! Les studios Pathé nous offrent un voyage qui vous transportera ! 

NOTE DU BLOG : 


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